Me voilà arrivée aux Carrés Jardin depuis maintenant 4 mois.

Mon arrivée a été accompagnée d’une mission : faire tous les plants de légumes.

Normal pour un maraicher me direz-vous…

Mais en fait, cette mission n’est pas des moindres : pas de plants réussis implique pas de légumes.

Beaucoup de maraichers ne font pas leurs propres plants, cela demande une infrastructure couteuse, du temps, et une technicité non négligeable.

Toutefois, le défi est là !

Ceci rend le métier très intéressant, partir de la graine est fascinant et voir les petites plantes grandir est absolument génial.

Le matériel, l’équipement

J’ai à disposition une pépinière non chauffée, avec des fenêtres orientées sud et quelques puits de lumière sur le plafond, du terreau bio, des voiles de forçage, de l’eau, des godets, une petite motteuse manuelle (5 mottes), des clayettes pour y mettre les mottes et les godets, et 3 tables de 9m de long et 80cm de profondeur pour stocker et faire grandir les plants.

Les problèmes rencontrés

Le premier souci rencontré est le manque de luminosité de la pépinière, qui ne se situe pas dans une serre mais dans une pièce, vitrée sur deux tiers de la hauteur, sur un seul des quatre murs de la pièce. Les plantules ont donc tendance à s’étioler très facilement. On constate d’ailleurs que toutes se tournent vers les fenêtres pour ne manquer aucun rayon lumineux

En second j’ai été confronté au manque de chaleur : je dis « manque », mais tout dépend du point de vue.

Je m’explique : si je souhaite avoir mes légumes le plus précoces possible et m’aligner à ce qui se fait sur le circuit commercial, je manque de chaleur.

Prenons l’exemple des tomates : pour en avoir des mures en juin, il faudrait les semé en mars. La température de germination des graines de tomates est de 22 degrés. Au mois de mars il fait entre 5 et 15 degrés dans la pépinière.

Je commence tout juste au mois de mai à avoir les températures adéquates pour la germination de mes plants estivaux.

J’ai tout de même essayé de faire des semis le plus précoce possible, car la journée, lorsque le temps est ensoleillé, il arrivait que les températures soient les bonnes (et aussi, j’avais envie d’avoir des légumes un minimum précoces). Néanmoins les écarts de température jour/nuit et le mois d’avril très peu ensoleillé ont grandement limité la germination de mes graines et j’ai eu parfois des taux de germination bien trop bas…

A l’avenir, j’attendrais que les conditions soient favorables pour augmenter ce taux de germination !

(par exemple les concombres semés en avril ont mis au moins 2 semaines à germer, contre 4 jours pour ceux semés en mai)

A nous de définir pour les prochaines années si nous choisissons de suivre la saison réelle et donc de ne pas mettre de nappes chauffantes (= membranes chauffantes que l’on met sous les plants pour augmenter la température du terreau dans lequel sont semé les graines).

Ou alors d’essayer de s’inscrire dans le circuit commercial et de jouer à la course à la précocité…

Et le dernier point qui me porte préjudice sur cet atelier reste mon manque d’expérience pour faire les plants de légumes ! Dans mes précédentes expériences agricoles, les maraichers ne faisaient pas leurs plants. Je découvre donc cette part du métier au fil de la saison qui se déroule. Et je ne vous cache pas que je trouve cela vraiment intéressant.

Les atouts

Le premier point fort à noter est le matériel et les moyens mis à disposition pour la réussite.

Cet hiver les associés se sont mobilisés pour mettre des tables dans la pépinière et l’isoler pour limiter les écarts de température et gagner quelques degrés de chaleur.

De plus, un dôme géodésique est en construction, et je pense qu’il sera un endroit parfait pour stocker et faire pousser les plants de légumes : chaleur et lumière à 360°, les plantules seront ravies !

J’ai également deux serres à disposition dans lesquelles je mets les plants qui sont sensibles à l’étiolement, où qui ont besoin de chaleur.

Il fait bien plus chaud sous les serres que dans la pépinière pour le moment.

J’ose espérer que l’implication que j’y met viendra palier mon manque d’expérience et que la saison se déroulera au mieux pour tous ces petits légumes qui arrivent tardivement mais sûrement…

Un des autres atouts de ce lieu : l’équipe.

Tous les associés se mobilisent pour pallier aux soucis que je rencontre et m’aider à les résoudre et mettre en œuvre ce qu’il faut pour que tout se passe au mieux. De plus, ils me font profiter de leur riche expérience de vie pour progresser, ainsi que de leurs expériences maraichères passées.

Les déconfitures rencontrées

Bien évidemment j’ai déjà rencontré quelques échecs…

Les plants de patate douces ont été les premier à subir le manque de chaleur de la pépinière : 0% de germination !

Les plants d’aubergines et de courgettes sont à ce jour, pas franchement glorieux, mais tout de même courageux.

Le taux de germination est très bas, je pense que les températures n’étaient pas suffisantes pour elles.

Sachant que : la température de germination à mesurer ne se situe pas dans l’air, mais bien dans la terre où se situent les graines. Et le terreau est bien plus long à se réchauffer que l’air (pour cela que les nappes chauffantes sont très utiles).

De plus, l’eau utilisée pour arroser est encore bien fraiche et ne contribue pas encore à réchauffer nos lits de semences.

J’ai eu aussi un peu de fonte de semi sur oignon. Mais rapidement réglé en gérant l’humidité des mottes.

J’ai également mis trop d’eau à certains plants, fort heureusement un des associés m’a guidé pour mieux gérer cela.

Les triomphes

Nous essuyons quelques échecs, mais aussi quelques belles réussites !

Les plants de choux cabus, raves

Les plants de salades

Les plants de poivrons

Les plants de tomates (en partie)

Les plants d’oignons, nouveaux et de conservations

Les plants de poireaux, de persils, de céleris raves, de céleris branches…

J’ai malheureusement moins à raconter sur les réussites : les plants sont beaux, youpi !

Une petite formation ou un stage sur le sujet ne serait que bénéfique pour la performance, bien que je pense pouvoir apprendre des erreurs commises cette année pour faire mieux à l’avenir !

A bientôt aux Carrés Jardin,

Je pense malgré tout que nous allons réussir à sortir de jolis légumes pour la saison à venir, en espérant que les éléments soient cléments avec eux et que vous serez nombreux à venir les goûter.